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2016-10-22T13:50:49+02:00

Chinois riches

Publié par montanié julie

Le créateur du musée de Suzhou est un "Français très connu: Monsieur Peï, qui a réalisé aussi la Pyramide du Louvre à Paris". Léoh Ming Peï est né à Canton. Il a connu une enfance heureuse dans "un jardin aujourd'hui protégé par l'UNESCO qui avait appartenu à sa famille" . La famille de Monsieur Peï serait très connue pour sa richesse matérielle et spirituelle. Le jardin a été transformé en temple. Monsieur Peï a poursuivi ses études à Shanghaï avant de se rendre aux USA. Il a ajourd'hui 97 ans. Son jardin: un paysage d'eau et de montagnes "constitue sa dernière oeuvre."  Avec son musée, Monsieur Peï a réussi une performance: " le paysage encadré. Chaque fenêtre encadre quelque chose et ce qui est encadré change. Aucune ampoule. Le soleil grimpe, descend sur les murs en fonction de l'heure." Le musée ouvre à neuf heures. En Chine, la visite des musées est gratuite. Voilà pourquoi il faut un quart d'heure de queue avant d'entrer. On se réjouit de ne pas être en hiver. On se réjouit aussi - surtout si on est une femme - d'avoir des pieds entiers chaussés de baskets, comme presque tout le monde, même en Chine. Quelle mesure pour les pieds bandés "de jadis"? Le guide désigne trois mesures croissantes, entre pouce et index. "Trois: nénuphar d'or, quatre:  nénuphar d'argent, pour la taille normale:  nénuphar de fer." Il montrera aussi dans une vitrine les longues manches d'une veste de soie d'impératrice (?). Elles étaient destinées à réchauffer les bras en hiver, comme des manchons, dans une cité où il fait moins douze degrés.

Nombre de commentaires des trois guides tournent autour  de l'opposition: richesse/ pauvreté. Le restaurateur de Pékin chez qui nous avons mangé du canard laqué -  la recette veut qu'on le coupe en 108 morceaux - a connu "une réussite fabuleuse". Son restaurant est visité par des gens du monde entier quand au départ, il vendait dans la rue des "bols de petite nourriture" et de brochettes. Il s'appelle Monsieur Tong. Son unique rêve: posséder un restaurant. Il est aujourd'hui  grand patron de la nouvelle cuisine pékinoise et dirige sa chaîne. Ce resto rappellerait " La Maison de thé " de Lao She. Le guide présente le bouquin comme un roman, mais je trouverai sur le web  - catalogue général de la BnF- cette info: pièce de théâtre en 3 actes, 1957, Editions en Langues étrangères Pékin, représentée en France en 1980, 97 p." Le nom du ou des metteurs en scène est noté  dans la référence mais je n'ai pas identifié celui du traducteur. A Pékin, un prince mangeait/ mange son bol de nouilles à côté d'un Pékinois tout simple, tireur de pousse-pousse. "Pékin, c'est comme ça" dit le guide.

Les effets/ causes du miracle économique - présent ou passé - sont rapportés à la possibilité de voyage. Les Chinois sont les premiers acheteurs de produits de luxe du monde mais s'ils achètent à Paris plus que sur place, c'est que les produits importés sont en Chine 30% plus chers. Sur la Route de la Soie, les Chinois, les Han, ont vendu du thé aux peuples nomades qui mangeaient beaucoup de graisse et devaient la digérer. Ensuite, on passe au jade, puis à... Louis XIV qui  a connu les chinoiseries...  on en arrive aux vêtements qui rétrécissent...  En Chine, on produit une grande quantité de vêtements mais ils rétrécissent au lavage. Cependant, avec l'amélioration du niveau de vie - qui implique le déplacement à l'étranger- les Chinois réclament de la qualité, donc la production s'améliore... On en vient au prix du mètre carré !!!  Un appartement est acheté brut, pas de carrelage, rien, les toilettes: un simple trou. Les acquéreurs paient jusqu'à l'épaisseur des murs. Ceux qui ont acheté avant 2008 sont vraiment contents. Aujourd'hui c'est presque impossible, mais le rêve de tout Chinois reste l'achat d'un appart. On n'est pas pour autant propriétaire à vie ni pour toujours: pour 70 ans seulement. A Xian, le prix du mètre carré=1000 euros. A Pékin=10.000. Il suffit à un Chinois multimillionnaire de vendre son appartement pour sortir à l'étranger. Respirer de l'air pur, surtout ! Et voir le monde...  La corruption, voilà le grand problème chinois. Il y a une énorme différence entre les dirigeants et le peuple. La société est très hiérarchisée. Puis le commentaire de la guide s'attache au mariage! Aujourd'hui, observe-t-elle,  les filles sont très cotées. "Contrairement à ce qui se passait du temps de ma mère, seconde fille de sa famille. Elle pleurait tout le temps. Sa mère a tenté de l'éliminer 'dans le pot de famille'. Mais aujourd'hui, même les veuves sont demandées. Car il faut payer cher le mariage d'un garçon! En ville, on partage les frais. Les parents du garçon achètent l'appartement, les parents de la fille: la voiture. Autrefois, c'était les bicyclettes. Aujourd'hui, l'appartement et la voiture. Sans cela, pas de mariage! Les parents sacrifient beaucoup pour leurs enfants... Quand ils sont vieux, leurs investissements sont remboursés. Certains spéculent. Bien des gens de la classe moyenne ont deux appartements. On achète un appartement dix ans à l'avance. A Xian, depuis 2005, les prix ont triplé. Aujourd'hui ,un appartement coûte des millions de yuans."  Le bénéficiaire de cette grande "mousse immobilière", c'est l'Etat, à qui tout appartient... Les Arabes qui ont construit la Route de la  Soie sont venus à pied, puis en bateau. La communauté musulmane assimilée est issue de Chinois misérables qui ont tenté d'améliorer leur statut en épousant des Arabes ou des Persans, il y a très longtemps... On les appelle Huei. Il est impossible de les distinguer physiquement des Han désormais. Aujourd'hui 98% des Huei sont commerçants, ils arrêtent leurs études très tôt... Contrairement à l'ensemble de la population chinoise qui profite de l'opportunité d'étudier, presque massivement..

Pour finir,  je trouve que cet historique de la richesse, reliée à celui de la vertu, de la corruption, du vice, avant d'aborder à Shanghaï le thème de la guerre de l'opium, incorpore des récits de catastrophes à donner froid dans le dos.... Un accident de train à l'arrêt. Un autre qui arrivait à toute allure est rentré dedans. Plusieurs voitures sont tombées lors de la collision. L'ancien ministre des Chemins de Fer et l'ingénieur chef ont été condamnés à la prison. Car le ministre 1) avait détourné beaucoup d'argent, 2) aimait un peu trop les jolies filles. Ainsi, il aurait favorisé un tournage de film à partir du "Rêve du Pavillon rouge" avec un garçon et douze filles impliqués dans son affaire de moeurs et d'accident... Quant aux Chinois devenus riches en général, il leur arrive de détourner de l'argent en Amérique, au Canada. Et très souvent, ce sont des enfants de fonctionnaires d'Etat...

C'est dire combien un Monsieur Peï, un Monsieur Tong se tirent de ces évocations avec une image exemplaire.  

 

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2016-10-16T14:11:34+02:00

Entendu,vu à Suzhou, un dimanche de juin

Publié par montanié julie

"Suzhou essaie de protéger tous ses ponts mais les maisons d'ici ont été rasées entre 1997 et 1998".Partout, dans les immeubles neufs si on en croit le guide, des cages à vitres bleues riment avec le linge blanc, vert, qui sèche. Une robe bleu roi. Les autobus aussi ont des vitres bleues. Des maisons basses, beaucoup d'échoppes. Ombrelles, parapluies et  un chapeau conique. Petits arbres devant les maisons. Rues pavées. Le chapeau conique coiffait un mendiant secouant sa boîte en métal en marge de la queue qui s'étire face au musée. "Au printemps, beaucoup d'enfants souffrent d'une allergie causée par les platanes. C'est pourquoi on les coupe, pour les remplacer par des camphriers qui poussent vraiment très vite...Leur bois chasse la moisissure, les termites. On en met une boule dans le placard quand on ne possède pas une armoire de palissandre."

Dans la queue, des enfants avec leurs parents. De charmants adolescents très propres, leur bouteille à la main. Des filles, surtout. Pour notre visite au musée nous disposerons de deux heures. Une femme longe la file d'attente. Elle tient un éventail, un chasse-mouche?  Il s'agit d'un cercle d'osier avec manche. Il est tendu de tissu, ou de papier peint d'un paysage. Une jeune fille de la queue en manie un aussi, orné d'un paysage à dominante arborée verte. Une deuxième femme propose des objets en répétant: " kuai", " kuai" (des sous, à vendre).  En France, notre prof nous a appris  qu'il faut toujours marchander, que le prix est à débattre. Dans un guide sur la Chine, j'ai lu, tout à l'heure au réveil, qu'il est honteux de ne pas payer le prix accepté par le Chinois qui vend après marchandage.

Comme la queue avance bien, on voit sous un autre angle les maisons de bois sombres, sur le côté ensoleillé de la rue piétonne. Balcons à claire-voix joliment dessinés. Tuiles de bois. Même les vitres du premier étage (les maisons ne sont guère plus hautes) montrent des pièces de bois ajourées, de même motif que les balcons. Plusieurs maisons ont un rez-de-chaussée de magasin. Une femme plus jeune, environ quarante ans, longe la file, un plateau à la main. Elle essaie d'accrocher une fleur blanche odorante ( du jasmin? ) à un bouton de mon vêtement. La fleur est liée à un anneau de fer. S'extasier ? "Thank you, no! Thank you, yes". Combien donner, payer? Sur le plateau de métal , des bracelets de la même fleur mais en bourgeons, rangés l'un près de l'autre. Ils sont montés sur du fer très fin. Les deux parures éphémères sont proposées à des jeunes filles de passage dans la rue, qui refusent. Artisanat de la misère, des bois, des champs, des vieux, des enfants? Le plateau propose encore des gousses d'osier rangées en piles.  Etuis vides ou contenant à leur tour la fleur blanche à conserver séchée, pour son parfum?

Des soldats ou des policiers avancent dans la rue piétonne. Les uniformes sont noirs, les casquettes sont noires. Leur beauté cuivrée est  mise en valeur par l'uniforme. Entre les omoplates, on voit des lettres chinoises blanches.

Assise sur le bord d'une vasque où s'élève un arbre, une quatrième femme mince, ridée, proprement vêtue, enfile les boutons des fleurs blanches sur du fil de fer. C'est elle qui confectionne de nouveaux bracelets frais. Elle prélève les boutons dans un sachet de plastique et les dispose délicatement dans une boîte transparente. La queue avance à présent d'un bon rythme. Nous la poursuivons sous une tente, avant d'entrer dans le musée.

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