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2019-02-26T15:06:01+01:00

Une peinture spéciale

Publié par montanié julie

Une peinture de printemps à passer au pinceau fin sur les barrières de jardins, de parcs publics, sur clôtures enfermant derrière leurs grilles des agneaux de pré salé comme ceux qu'a élevés - peut-être continue -t-elle- Yvonne Ungerer, l'épouse de l'artiste alsacien [Tomi Ungerer "Un point c'est tout", Librairie Bayard, 2011, p.147].

Une peinture écologique bonne à prévenir la rouille mais aussi à réfracter pluies acides et traits de lumière décochés par le soleil. Afin de les transformer en flèches retournées contre les voitures, les pollueurs, les méchants. Frappés par un seul rayon, ils tomberaient endormis pour au moins cent cinquante ans, tout compte fait plus longtemps que la Belle au Bois dormant. 

Une peinture assortie aux façades couleur citron, chocolat clair, crème de lait, cassate noisettes et blé. Les chimistes l'ont conçue avec des biologistes, des physiciens, des médecins pour qu'elle serve de vaccin aux oiseaux qui la picorent, de stimulant de survie aux chenilles, aux coccinelles, aux fourmis, aux scarabées et vers de terre fuyant les villes désormais. 

Une peinture que les enfants de toutes les écoles primaires doivent passer sans déborder avec leurs crayons très souples, qu'une ficelle bicolore assemble toujours par couples. Beige et bleu, jaune et blanc, orange et noir brillant, violine et vif-argent: des contrastes appétissants.

Maîtres et maîtresses expliquent qu'une telle activité met les gens de bonne humeur, leur permet de mieux respirer. Outre qu'elle est susceptible, surtout pour ceux qui ambitionnent de présenter un dossier à l'Ecole Emile Cohl - section peinture murale - de se transformer en métier. 

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2018-02-08T13:01:05+01:00

Hervé di Rosa en livre bilingue

Publié par montanié julie

Hervé di Rosa entré il y a presque deux ans dans la collection "Paroles d'artiste", édition bilingue français anglais, traduction: John Doherty, conception graphique: Sébastien Lecoultre, Villeurbanne, Fage éditions Lyon 2016. En 4 ème de couverture, une citation du peintre et auteur: " je peins pour créer les rêves que je ne fais pas."

A l'intérieur, des paragraphes et des formules/ aphorismes. Les plus brèves donnent à cerner la notion "d'art modeste" dont il serait seul créateur,  alors qu'il a inventé "la Figuration Libre" avec Robert Combas. Concept ? Courant? L'art modeste a voulu intégrer la musique et la bande dessinée. "Quand je suis arrivé aux Arts Décoratifs de Paris, j'ai découvert sa grande bibliothèque, puis j'ai commencé à lire les Ecrits de Dubuffet qui ont beaucoup changé ma vision de l'art."  Hervé di Rosa dit avoir exploré la conception de l'art brut de Dubuffet,"ce grand bourgeois" avant de penser ou créer sa propre boutique en somme. Mais les "arts modestes" dont je n'ai jamais pu visiter le musée à Sète ("Miam" toujours fermé à mes/nos heures de passage) semblent surtout une réorganisation thématique de catégories pas uniquement d'objets: "... je pus enfin réunir toutes les créations inclassables que j'observais et collectionnais depuis des années sous le terme d'art modeste". Hervé di Rosa est présent en début d'ouvrage sur une photo où il surplombe des statuettes colorées. L'une est un Indien américain à couronne de plumes. Aussi fait-il penser à Philippe Labro. Ou même à Johnny, qui avait des goûts analogues. Il y a des années, une interview montrait Labro assis chez lui sous un tableau de peintre américain avec un tel sujet. L'auteur du tableau était un classique. Les autres figurines sont des Batman, des femmes dévêtues sous leur cape, mi- lutteuses de foire, mi- stripteaseuses, une plastique pas éloignée des nus académiques, une Japonaise/ madone, son enfant dans les bras etc.. . Les bleus, les oranges, les verts, les dialogues des rouges font penser à une déco d'appart dans un film d'Almodovar. "Mon père, il est docker à Sète. Ces sacs, il les a portés toute sa vie pour presque rien, moi, pour me venger, je peins dessus et je les vends cher." L'une de mes images préférées est un noir et blanc. On dirait un Van Gogh des débuts. "La vie des pauvres", 1993 (acrylique sur papier kraft marouflé sur toile, extrait). La matière pauvre à son tour fait songer  que Sète n'est pas loin de l'Italie et que l'Italie a inventé l'art pauvre. De même, "Le repas à l'atelier" 1997. Dans Van Gogh, les dîneurs rituels sont mangeurs de pommes de terre. Chez Hervé di Rosa, les couverts sont des baguettes asiatiques, les éléments de vaisselle des bols, des plats garnis de pinces de homard, de segments de viande, de poissons, de fruits exotiques. Si ces travailleurs de la peinture aux visages métalliques achèvent leur besogne tard, peut-être s'attablent-ils devant un repas offert par un commanditaire qui souhaite les régaler avant d'embarquer à l'aube leurs toiles pour son continent? Peut-être se sont -ils fait livrer par le seul resto du coin qui accepte de venir de nuit ? Sur sa photo, Hervé di Rosa a quelque chose de Brassens dans les yeux et la moustache.  On songe qu'une chanson de Brassens a pour refrain: "c'est un modeste".

La formule la plus percutante: "Le kitsch, c'est l'ironie des riches sur l'esthétique des pauvres". C'est aussi la plus poignante. Elle clouerait le bec à n'importe qui. Aller jusqu'à penser que Hervé di Rosa et Robert Combas sont l'équivalent des Symbolistes...

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2017-07-04T22:36:35+02:00

Le train jeté dans le champ et mon crime sous-jacent

Publié par montanié julie

C'était donc au cours d'un voyage en train. Le crépuscule du soir était vert ou doré. C'était avant ou après la traversée des gorges du Jura. Soudain, je comprenais que j'étais seule dans mon wagon. Dans le train entier? Peut-être le convoi n'avait -il même plus de conducteur... Et pourtant, si je penchais la tête par la fenêtre, il se courbait comme un arc sur une voie en forme de U. Comme il fallait mettre fin à ce transport démentiel vers un ailleurs inidentifiable, j'ai choisi d'abandonner mon cartable et ma valise sur un siège. J'aime beaucoup mon cartable fauve à serrure codée comme celle d'un coffre. Quand je l'ai acheté dans un magasin d'objets de cuir déstockés, il coûtait la moitié de son prix réel. Il restait cependant très cher et j'ai pensé avec regret que j'aurais dû acheter un tel objet à l'âge de vingt-cinq ans. Il était visiblement fait pour durer une vie, une carrière de prof usant de lui comme d'une valoche de clocharde, un étui pour scouts au mieux, bon à se remplir de trousses, de crayons, de carnets à dessins qui font passer le temps entre deux surveillances, durant d'interminables surveillances, qu'on bourre au hasard des passages en librairies de bouquins pas pour les élèves, de kebabs troussés dans une poche plastique pour éviter qu'ils coulent sur un paquet de copies d'examens, de trousses de toilettes de dépannage quand on est obligé de coucher sans bagage dans un hôtel parce qu'on s'est laissé coincer trop tard au bureau pour sauter dans le train qui vous ramène à la maison etc. En fait, la merveilleuse sacoche fauve à serrure de coffre a mis deux ans à se racornir, trois à s'élimer à l'emplacement de l'accordéon (je l'ai cirée avec amour, avec remords, comme on panse une bête dont on n'a pas su prendre soin). Quatre ans après achat, elle était noirâtre par plaques, brune, sanglante presque, culottée comme un jeans de cow girl du Far-West, comme la pipe d'ambre d'un fumeur qui mourra de son vice. Mon cartable était devenu vieux comme si j'en usais depuis trente ans. Voilà ce qu'il advient des objets quand on est brise-fer dans l'âme, en tout domaine, à tout âge, en toute saison, depuis toujours. Je n'ai dû garder avec moi que mon sac à dos noir acheté dans la même boutique de déstockage pour un prix tout aussi dérisoire. J'ai ouvert la porte du wagon. Il m'a fallu tirer dessus comme si un gaz faisait pression pour me garder à l'intérieur. J'ai descendu le marchepied. Je me suis retrouvée sur la voie entre les menus cailloux, les merveilleux rails rouillés qui me font toujours penser au titre de Joan Baez: "Diamonds and rust": l'essence de la poésie ferroviaire. La rouille, c'est celle des rails, le diamant: les larmes de rosée ou pluies qui perlent aux vitres. Une fois les pieds sur l'herbe qui borde toujours les voies rouillées, j'ai saisi mon wagon à pleines mains pour le jeter loin dans les champs. Je l'ai donc lancé d'un geste vigoureux. Projectile de plomb, il a franchi l'espace d'un jet comparable à celui des flèches. Je l'ai vu pour ma plus grande déception tomber non pas droit sur ses roues, en position de carriole, de roulotte tsigane, mais sur le flanc. Se coucher, vitres comprises, dans ce rectangle de terre rouille ourlé d'un vert même pas labouré. J'ai eu le temps de me demander ce qu'il était en train d'advenir du contenu de ma valise, le cartable fauve, j'avais déjà oublié ce qu'il y avait dedans. Mais la valise devait détenir une provision de flacons, de bouteilles, de liquides interdits, sûrement en train de se répandre sur mon linge, à cause de cette position déséquilibrée, qui avait peut-être déjà brisé ceux qui étaient en verre... Pourtant, plutôt que de m'attarder sur cette question intime sans rapport avec la situation (un wagon  de chemin de fer n'est pas une soute à bagages d'avion), je suis revenue m'atteler à la seule véritable urgence: démonter la partie de voie, les doubles rails sur lesquels MON wagon à présent couché dans la terre rouge, avait stationné avant que j'en descende, juste au moment de prendre le virage du grand U. J'ai arraché une double rangée de dix mètres de rails. Je crois que je les balançais derrière mon épaule comme un ivrogne slave, comme un Raspoutine. Je ne sais pas s'ils allaient s'écraser dans quelque torrent jurassique, se planter comme des épées dans le champ qui hébergeait déjà mon habitacle, mon seul foyer sans doute. Le principal, c'est que je les éliminais, je ne les voyais plus. Le trou sur la voie était désormais un hiatus sans remède.Tout TGV, tout TER lancé à toute blinde déraillerait (faute de  continuité des rails), il perdrait pied, tout équilibre, il se coucherait sur le flanc, non du champ rouge  bordé de vert mais de la voie. Quand j'ai été clouée sur place par la certitude qu'il allait m'arriver la même chose qu'aux assassins du petit Gregory Villemin. Même dans vingt ans, on  m'arrêterait. Les trains qui avaient derraillé par ma faute contenaient des passagers, des conducteurs qui n'avaient pu que mourir, surtout dans ce grand U isolé, jurassique que fréquentent les seuls dinosaures et non les ambulances ou les voitures de pompiers. Quant à mon identification, c'est l'investigation de mes bagages dans le wagon qui l'avait permise. Le contenu de mon cartable fauve (une négligence unique au monde, les kebabs avaient dû couler, peut-être même sur des copies de bac) l'amoncellement anormal, typique de ces flacons dans ma valise (du laudanum? de l'huile d'olive? de la limonade rose? du dissolvant ? de l'acide chlorydrique?).

 Peut-être avais-je réussi à empêcher la déportation  de Simone Veil adolescente mais j'avais à coup sûr supprimé l'unique moyen de fuite de ceux qui étaient sur le point de sauver de l'arrestation la mère de Véronique Sanson: une résistante experte dans le posage de bombes sous voies ferrées, les déraillements, les confiscations de mitrailleuses. J'avais sûrement empêché aussi la prise de conscience du frère de Sophie Scholl, en route en 1942 vers la Pologne (il aperçoit des détenues en robes rayées, à qui il offre de l'eau quand son train rempli de soldats allemands s'arrête, bien sûr il est braqué par un confrère qui menace de l'abattre pour son geste et sommé de remonter dans le train, sans pouvoir davantage s'informer). C'est raconté en images dans les premières pages de l'album numéro 2 de la série "Femmes en résistance" - Sophie Scholl - publié par Casterman en 2014, idée originale et dossier historique: Emmanuelle Polack. Scénario: Régis Hautière, Francis Laboutique, dessin: Max Weber, mise en couleurs: Domnok. Sophie Scholl était moins belle que Simone Veil mais son visage était intéressant, original. Avec mon action d'ablation des rails, j'avais évité que son frère ne revienne la mettre au courant du sort des détenus en camps, ne l'enrôle donc dans son action militante contre le nazisme, ne la conduise vers le procès à la suite duquel elle sera décapitée. Mais qui prouve qu'on ne l'aurait pas arrêtée quand même, expédiée en camp de concentration en Pologne précisément? Pourquoi? Mais voyons, parce que Munichoise. Parce que catholique même, au mépris de tout bon sens !! Et je n'avais pas réussi à empêcher non plus la circulation des voitures sur des routes parallèles aux voies ferroviaires. Telles celle dans laquelle la Gestapo embraque Berty Albrecht. Voir " Femmes en résistance n°3" - Berty Albrecht (une dangereuse terroriste arrêtée par la Gestapo) - Casterman, 2015. Idée originale et dossier historique: Emmanuelle Polack, scénario: Régis Hautière, Francis Laboutique, Dessin: Ullcer, mise en couleurs: Domnok. Berty Albrecht était née à Marseille, dans une famille de la bourgeoisie protestante. "La première cause qu'elle épouse, c'est celle des droits de la femme. L'égalité. la libre disposition de son corps" dit le commentaire biographique qui clôt chacun des trois bouquins dans la série "Femmes en résistance" dont je dispose (Amy Johnson, Sophie Scholl, Berty Albrecht). Dans le cas de Berty Albrecht, il est signé Domninique Missika et Emmanuelle Pollack. Si Berty Albrecht ne s'était pas suicidée en 1943, pour éviter une exécution ou de nouvelles tortures, si elle avait survécu à la guerre et pu déployer l'action politique de ses rêves, c'est peut-être elle qui aurait accédé aux fonctions qui ont permis à Simone Veil de se voir considérée comme un(e) promoteur(e) de la liberté des femmes.

Mais le téléphone m'a réveillée, je ne sais plus à quel moment de mon action titanesque sur rails, en tout cas sans rapport avec la lecture du journal lyonnais disant en première page "Merci" à Simone Veil, feuilleté il y a quelques jours au supermarché... Sans rapport non plus avec la première page d'un journal différent parcouru aujourd'hui sur présentoir en gare, un périodique scandalisé par l'entrée de Simone Veil au Panthéon. Indigné en particulier par "l'obséquiosité" des éloges qui pleuvent  sur elle dans la presse française depuis l'annonce de son décès - je parierais n'importe quoi que le terme "obséquiosité" vise ses origines bourgeoises ou son mariage, tout aussi bourgeois... Je ne saurai donc jamais si le joli dessin, les charmantes teintes crépusculaires de MON wagon couché dans le champ rouille étaient sur le point de virer au rouge brique plus que délicieux des wagons de tram de la Deutsche Bahn, qu'on emprunte dans le sous-sol de la gare de Munich pour se rendre par exemple à Eistätt, à Seefeld, à Ingolstadt, à Dachau comme les dizaines, les centaines de personnes qui font le trajet chaque jour pour pointer en classe, en fac, au boulot.

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2017-05-06T13:10:55+02:00

Recyclage catalan

Publié par montanié julie

Au Parc Guëll, à Barcelone, les incrustations de céramique dans les encorbellements qui soulignent les terrasses sont présentées comme la première réalisation d'art abstrait. Leurs effets décoratifs résultent d'une fantaisie collective. Quelqu'un - l'architecte?-  avait acheté une ou plusieurs tonnes de vaisselle cassée. Les maçons à l'oeuvre dans les jardins ont joué à les disposer dans le mortier ou la chaux et la fresque a commencé.

Ces bords de terrasses sont aussi des bancs. Ils ondulent au-dessus de la ville. Ils sont blancs. Ils sont ornés d'éventails noirs et grèges, de mini-rosaces bleu-marine et bleu pastel. On en voit des fragments partout, sur des cartes postales, dans des guides de voyages, des brochures, des calendriers. Ils figurent dans les pages en papier glacé, les feuillets intercalaires de "Gaudi, la vie d'un visionnaire" de Joan Castellar-Gassol, traduit du catalan par Anne-Sophie Heisel, "Editions de 1984", Barcelona (neuvième édition 2015). Dont la figure II précise: "Un coin du Parc Guëll" et la figure III: "Bancs du Parc décorés avec des carreaux de faïence cassés."

Le dernier chapitre d'un petit livre trouvé sur un rayonnage de kiosque presse à Roissy évoque une histoire actuelle de recyclage. Aussi sombre que les bancs du Parc Guëll sont clairs, elle a pourtant été médiatisée. L'essai se nomme "Les Catalans". L'auteur est Henry de Laguérie, HD Ateliers Henry Dougier- fondateur des éditions " Autrement"-, Boulogne Billancourt, 2014. Il s'achève sur: "Les ferrailleurs africains du Poble Nou".  Entre 2011 et 2013, 300 immigrés vivaient à Ca l'Africa, dans une usine désaffectée du Poble Nou, ancien quartier industriel de Barcelone "autrefois surnommé le Manchester castalan". Un Sénégalais arrivé légalement en avion à Barcelone en 1995, Kheraba Drame, devient en 2008 le premier ferrailleur du Poble Nou. Jusqu'à cette date, il avait fait tous les métiers: barman, déménageur, chauffeur de taxi, ouvrier du bâtiment, employé de magasin. Il a appris l'espagnol et le catalan. Avec des compatriotes, il crée une économie parallèle dans un quartier en voie de reconversion, où la mairie envisage d'installer de nouvelles technologies. Avant le démantèlement de Ca l'Africa, 800 personnes y auraient travaillé quotidiennement. Le recyclage évoqué ressemble à celui qui se pratique aujourd'hui institutionnellement ou presque, en France. Réparation d'appareils électro-ménagers à partir de déchets, ramassage de textiles et envoi en Afrique de tout ce qui peut être réutilisé faute de trouver preneur sur place. Organisées en coopératives, une quinzaine de camionnettes faisaient le trajet entre Barcelone et l'Afrique six fois par an. Transport par bateau entre la Catalogne et Tanger. Puis la route à partir du Maroc, jusqu'en Afrique subsaharienne. Ces chatarreros africains sont présentés comme souvent diplômés. Ils ont été professeurs, ingénieurs ou juristes. Sans avoir réussi en Europe, ils ne peuvent revenir en Afrique où "l'opprobre" les attend. Un projet d'art contemporain, intitulé "25 %" (taux de chômage en Catalogne)  a été présenté en 2013 à la Biennale de Venise. Il filmait et photographiait le ferrailleur créateur d'association d'entraide et sept sans emploi évoquant leur quotidien. "L'oeuvre d'art" a été soutenue par l'Institut Ramon Llull. Les dernières lignes du livre évoquent le projet de retour de Kheraba Drame au Sénégal, "quand il le pourra" et son amertume.

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2017-04-16T10:47:57+02:00

Végéter à Cascais -II-

Publié par montanié julie

Collines boisées. L'océan est proche. Du soleil, du soleil. " Mais avec la proximité de l'océan, ça change vite." Au départ, bien sûr Cascais était un simple port de pêche... Saint Tropez, Cadaquès, Villefranche sur mer, Balcic...C'est partout la même chose. Un port de pêche au départ. Des rois, des reines, des stars,  des acheteurs de voitures de courses, peintres, écrivains, cinéastes, homos devenus veufs qui ne s'éprennent pas du poissonnier. Des chapelles désaffectées qui deviennent des entrepôts pour filets pas ravaudés en attendant de trouver le temps de se faire recoudre au soleil. Entretemps on les oublie, ils prennent l'humidité. Cocteau qui passait par là, s'écrie: "Non, c'est pas vrai!". Ou peut-être s'agit-il du cri de son majordome décidé à tout changer. Ou du film de son existence.

Changer la Côte d'Azur pour un coin de Côte basque. Ou de côte portugaise. Même rhétorique, même langage. Menton pas plus que Cascais  ne devrait demeurer une ville pour citronnades, orangeades. Pour tartes meringuées, pour savons couleur safran. Pour décor mental offert à un vers d'Apollinaire ("Et parmi les citrons, leurs coeurs sont suspendus"). Précisément à Menton, ou peut-être Villefranche, Jean Cocteau revient d'une prise de vues qu'il a volée aux arcades. Il vient de filmer une rue qui apparaîtra dans "Le Testament d'Orphée". Donc, dans la chapelle, on dessinera. On peindra une fresque où Saint Pierre tiendra la place d'honneur, qui revenait à Jésus. Les poissons dans les filets y ont déjà l'air de libellules, de rossignols solitaires.

Dans le château de Sintra, qui s'inspire de Louis II de Bavière et Neuschwanstein, on trouve des coqs portugais. Les mêmes ornent les cartes postales en liège, en vente dans les magasins serrés au bas de la rue. Dans la première salle du château, les caissons du plafond sont vingt-sept à reproduire un cygne coiffé d'or (une couronne). Ou est-ce son cou qui est revêtu d'une bague ou d'un anneau d'or? Ils symbolisent en tout cas les vingt-sept ans de la princesse qui épousa Philippe le Bel, mère de Charles le Téméraire. Dans une salle suivante, les caissons représentent des pies. La guide raconte (bien) une anecdote d'adultère. Le roi Joao I lutinait dans cette salle une demoiselle d'honneur de la reine -Philippa de Lancastre, mère de la princesse devenue épouse de Philippe le Bel -. Tout honteux ("car il éprouvait de la tendresse pour la reine") le roi a fait peindre au plafond des pies voleuses et bavardes. Celles-là sont le symbole des demoiselles d'honneur de la reine.

Dans le port de Cascais, barques peintes en vert, en bleu, en rouge. La guide désigne des immeubles disposés en forme d'arc, puis un cube de biais, aux fenêtre vertes. Elle commente: "Une partie hôtel vraiment haut de gamme, une partie appartements vraiment chers, achetés pour la plupart par des gens d'Europe de l'Est." Un bateau rouge à moteur file vers le large. Des pêcheurs, des plaisanciers? Un vol d'oiseaux tourne en rond. Quelqu'un parle de mouettes.

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2017-03-19T11:21:21+01:00

Histoire d'émir et de neige

Publié par montanié julie

Un émir de "l'époque arabe" aimait une jeune Nordique frappée d'un mal mystérieux." Ce qui manque à votre femme, c'est de voir la neige de son pays natal." L'émir a mené la malade voir les pétales d'amandier répandus  sur le sol à profusion. Elle a guéri. Ils ont été heureux et ont fait beaucoup d'enfants.

Les zones boisées des collines de l'Algarve n'ont ni 800 mètres ni 600. "La moyenne, c'est 500 mais ça fait déjà une bonne barrière". A part les orangers, la vigne, on produit ici des amandes, des figues dont on fait de la pâte d'amandes et bien sûr de figues.

Quand c'est la saison, les gens viennent voir les arbres en fleurs. Cela ne dure que dix jours mais dix jours éblouissants.

Au début octobre, tout est vert, vert, vert, pommelé, tapissé de vert.

Histoire de neige et d'émir/ Histoire de "dor" et "saudade".

Histoire de "Vert, vert, vert"/ Titre d'une chanson de Véronique Sanson.

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2017-03-15T14:18:11+01:00

"Végéter à Cascais" - 1 -

Publié par montanié julie

"Parole d'honneur" (expression à ne pas galvauder, apprenait-on chez les G. de F. quinze ans après la fin de la 2 ème guerre), la région de Sintra est aussi jolie que les alentours de Narbonne. "Le paysage est assez lunaire, parfois" dit A... Malgré son prénom inspiré de l'opéra italien, elle est portugaise. Jamais elle n'est venue en France. Elle a étudié le français en fac. Et si la France, à ses yeux, avait des points communs avec la lune?

Avec le sable de Narbonne Plage, de Gruissan, années -50, avec une piste à perte de vue, blanche de sel où les rares voitures laissaient des ornières. Il suffisait d'avoir entendu parler des sables mouvants pour se croire en train de préparer un deuxième face à face avec un débarquement américain... Si la croûte salée s'effondrait? Si elle bloquait les roues de la Simca? Près de la jetée, un blockhaus, à demi enterré dans le sable, très dangereux avec ses tringles de fer rouillées jaillies du béton. Si on tombait dessus en courant? Tout était danger dans cette zone, disaient les adultes. Se noyer... même si un enfant avait pied sur cent mètres. On peut boire la tasse et y rester dans dix centimètres d'eau...  Détacher les moules à la main, à partir des cailloux renforçant la jetée côté canal, pouvait vous arracher les ongles. Comme les tortures pendant la guerre. Mieux valait apprendre à se taire, garder dans une alvéole de molaire à la place du plomb installé par le dentiste - après que les dents de sagesse aient poussé -, une capsule de cyanure, si on réussissait à s'en procurer à temps. Comme le confirmerait la lecture de "Un métier de seigneur ", Pierre Boulle. Autre danger à ne pas mésestimer: les crabes ! Mais seulement pour la peau des pieds nus d'enfants très jeunes, -3/ 4ans -.

Les bois de Sintra ont de hauts pins au tronc effilé. La garrigue est dense, verte, touffue, on dirait une lande. Le ciel est trop bleu. L'autocar avance dans un quasi parc de maisons blanches, toits rouges, gris, grands balcons, volets verts. Palmiers dans les jardinets. Surlignages de façades roses et bleu-pâle." Si vous regardez sur la gauche, vous verrez déjà l'Atlantique. La première agglomération sera Cascais". Des gens y habitent. Ils se déplacent tous les jours pour aller travailler dans la capitale. Elle est à trente kilomètres. Fixer l'horizon permet aussi de voir le Cap Saint Michel (?)/ Espichel (?) - avec le bruit du moteur, le commentaire de la guide ressemble aux sons du ressac - où le Tage se jetterait dans l'Océan...

Les week-ends, ici, il y a énormément de monde car les Portugais aiment se déplacer pour aller manger. Les villages ont de bons restaurants... Après les grandes collines de garrigues, on approche d'un précipice. "Faites attention, il y a déjà eu des cas de gens qui sautent une barrière pour une photo et vont s'écraser en bas". Les plantes "pas très belles en ce moment" deviendront " jaunes et roses" à la floraison. Nommées "griffes de sorcières", elles fixent le sol.

Cascais "était au départ un simple port de pêche. Le dernier roi d'Italie (Umberto) est venu vivre ici." Il cherchait un pays pas cher, pas limitrophe de l'Italie.

L'expression "végéter à Cascais" est de Mircea Eliade dans "Jurnalul Portughez" (tome 2, Editura Humanitas-2006-, Bucarest, 27 janvier 1945). Il n'y évoque pas Umberto mais le roi de Roumanie installé au Portugal aussi, et la mort de Mussolini. Le quartier depuis lequel on distingue d'énormes rouleaux, une houle de tempête, se nomme "Bouches de l'Enfer". Le roi Umberto y a vécu. Ai-je lu qu'Amalia Rodrigues  a été sa maîtresse? Quelqu'un - un(e) Portugais(e) bien informé(e) - me l'a- il confié (au printemps - 72, à l'automne -91) ?... Cette Road to Hell attire aujourd'hui "les voisins espagnols qui adorent les marchés de lingerie de maison. Les Espagnols sont les seuls à venir ici avec une pareille idée."

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2017-03-09T16:28:53+01:00

Accent brésilien, accent américain

Publié par montanié julie

A Coimbra, devant l'université, des étudiantes en longue cape noire, mini-jupes, bas noirs, talons aiguille, se tiennent par groupes de trois ou quatre sur le trottoir avec de petits paniers qu'elles présentent aux touristes sortis de leurs autocars. Des crayons ou stylos à têtes de marionnettes en émergent. Elles les vendent.

Pour préparer leur public à la visite éclair de la bibliothèque, les guides font précéder de considérations historiques. La nôtre distribue des audiophones, parle en français de Jean III. Nous sommes dans le secteur de la fac de droit. Deux étudiants en cape noire - un garçon, une fille - traversent la cour en rigolant. Seuls les première année font la quête face aux cars - en vue de financer une fête de corpo, de fin d'année/ remise de diplôme - dit quelqu'un...

A l'intérieur de la bibliothèque, on ne photographiera pas. Les ouvrages et écrits - pas tous en langue portugaise-  datent de l'époque de Jean V. Parmi les quarante volumes, les cinq mille manuscrits, se trouve une bible du XIIème siècle. Des écussons indiquent par des symboles le genre de livres auxquels on aura affaire: théologie etc. Le décor aménagé en hauteur, sections, étages, est en bois peint. Les tables de travail sont anciennes aussi: en ébène, en palissandre. Jean V était un roi riche, généreux et pieux, de la "période du Brésil... Mais il avait une faiblesse: les femmes. Et une favorite: une religieuse, Soeur Paula. Ils ont eu des enfants ensemble: deux fils. Elle est restée toute sa vie au couvent. Il lui a fait don de cette bibliothèque." Les peintures (on utilisait des bois plus courants que le palissandre et le bois de rose) ressemblent à des motifs chinois et autres objets orientaux. On reste dix minutes dans la bibliothèque avant qu'une sonnerie ne vous en chasse. Rester davantage abîmerait l'ameublement, surtout les livres sans doute, qui ont tous été copiés et qu'il est hors de question de consulter... A la sortie, on voit "la chèvre" : " nom donné par les étudiants à la tour ou sa cloche qui appelle aux cours. Puis, la  "Capela de San Miguel '(un paradis d'azulejos, du plafond aux quatre murs), "recherchée pour les mariages d'anciens élèves". Le buffet d'orgue est si grand qu'il écrase tout l'espace. La faïence doit nuire à l'acoustique, comme le marbre. "Les buffets d'orgue ibériques nécessitent une musique différente de celles qui ont été composées pour les orgues de chez vous."

La guide observe que les élèves portugais préfèrent apprendre à parler l'anglais avec l'accent américain. De même, remarque-t-elle avec la réserve qui caractérise l'harmonie de son discours, son visage, son maintien "on peut préférer apprendre le brésilien dont l'accent est  musical, c'est-à-dire plus facile à mémoriser".

L'italien: plus mélodieuse des langues romanes.... 

Vus de dos, tous ces étudiants en cape noire ressemblent à des prélats, ce qu'ils étaient sûrement avant 1974. Un toit de tuiles vernissées rappelle la Chine, la cathédrale de Dijon, vue du train Lyon-Strasbourg.

 

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2017-03-07T14:21:48+01:00

Ce qui se mange et se boit

Publié par montanié julie

"A l'époque de la dictature, à part les arbres qui poussaient tout seuls, comme le chêne liège, il y avait ici du blé. On appelait la zone "le grenier du Portugal". Avec la Révolution des oeillets, les gens de la région ont cru que tout allait changer. Ils ont occupé les domaines à l'abandon, en tout cas immenses, dont les propriétaires vivaient ailleurs...Mais les rêves de coopératives, réformes agraires etc. n'ont pas marché. Depuis quelques années, l'Etat portugais a rendu leurs terres aux propriétaires. Les gens ont à présent ce qui leur manquait en1974: eau, électricité. Les enfants fréquentent l'école agricole et en savent davantage que tous leurs ancêtres sur l'agriculture."

Avant et après le repas, commentaire sur ce que mangent les gens de l'Alentejo. "De la vieille bique marinée dans du vin pour l'attendrir". "Beaucoup de cuisine au pain" (nous avons eu à midi une soupe de tomates au pain, où placer un oeuf poché par personne cuit à part, de la couenne de porc grillée croquante, des rondelles de charcuterie pimentée grillées - une sorte de chorizo -, des bouts de pain rissolés dans de la graisse de charcuterie épicée. Trois petites bouteilles d'eau minérale Pechas plus un café. Plat principal et dessert: j'ai oublié. Je crois que j'ai fait l'impasse. Le restaurant: plutôt modeste, typique de village (mais ce n'était pas un village). Du vichy à carreaux rouges et blancs aux fenêtres. Les mêmes carreaux ornent  le tissu des chemisiers des deux serveuses dont l'une est très brune, longiligne, très calme ("les gens d'ici ne sont jamais pressés. Calmes...Si on est pressé avec eux, cela peut devenir très compliqué..."). Un garçon sert.  Dans la vitrine qui sépare le restaurant de la rue, un étalage de dorades crues sur lit de salade. Le tableau noir à l'entrée mentionne: "dourada" à la craie blanche... Du côté bar, où l'on peut aller s'installer directement mais il faudra boira debout car le pupitre ne comporte ni sièges ni tabourets, des jambons sont suspendus à la poutre haut placée. Fixé à la partie basse, charnue, un petit cône de faïence ou porcelaine blanche. "En vue de recueillir la graisse fondue? [ pour l'utiliser, par exemple comme cirage ou huile de lampe, imaginé- je] " - "Non, c'est pour éviter qu'une petite goutte tombe sur les gens, ou sur le sol. On voit ça aussi en Espagne".

Autres éléments de décor (entrée, juste derrière la vitrine aux dorades crues): un grand pot à eau fleuri, en faïence. De ceux qu'on voyait jadis et naguère, parallèlement au miroir, dans les chambres à coucher campagnardes françaises des maisons qui n'avaient pas l'eau, il fallait aller la prendre au puits, à la fontaine. Les grands pots étaient placés dans une bassine de faïence/ porcelaine où faire ses ablutions -, pourquoi pas fenêtre ouverte sur des arbres ou un jardin... ( "l'Alentejo est une région très belle au printemps, avec beaucoup de petites fleurs"). Mais ici, au Portugal, à l'intérieur des terres, le pot de faïence a été renversé, fixé au mur pour servir de réceptacle d'écoulement/ ballon, au-dessus d'un vrai lavabo. Il est muni d'un robinet. On peut s'y laver les mains? Y cueillir un verre d'eau fraîche en vue de raviver l'éclat des écailles de dorades?  Derrière les chaises et les tables de la salle à manger: de grandes barriques, des fûts de bois. "Les marques de vins d'ici sont les meilleures du Portugal." Des outils agricoles de bois sombre accrochés aux murs blancs.

Devant l'église aux ossements, à Evora (Capela dos ossos), on fait queue bien sûr, comme à l'intérieur, pour considérer de tout petits crânes - de nouveaux- nés, dirait- on-. Ils datent de plusieurs siècles. Alignés, ils forment murs. Face à un étal au soleil, une personne aux yeux sombres, aux cheveux blond platine vendait des morceaux de nougat, en sachets de cellophane. Mariza comme modèle et non Cesaria Evora, du Cap-Vert,  dont le chant est un flux- reflux de marée mais  qui n'a été ni belle, ni soignée/ sophistiquée, avec un crâne Jean Seberg. On pouvait aussi trouver à Evora des tranches d'un gâteau beige avec sertissage d'amandes.

A Lisbonne, quartier Alfama, j'ai acheté  dans un café une bouteille d'eau: un réceptacle de verre pas plus gros qu'une capsule dont le bas était  galbé. Un bouchon de métal rouge qui se rompt en se dévissant. L'étiquette oblongue collée pas loin du goulot semblait un ruban pourpre et elle portait ce message:f "1871, Fonte do Portugal. Pedras. Framboesa & Ginseng, Rasperry & Ginseng, Framboise & Ginseng". Et dans une bulle plus bas: "Gas 100% natural. Ingredientes Naturais. Unica sem conservantes nem corantes." Une eau parfumée à boire par curiosité mais le goût ne disait pas vraiment grand chose.

 

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2017-02-27T22:32:10+01:00

Le prix du coup de pinceau (azulejos)

Publié par montanié julie

 "Azulejos" de "Azeitao" sur un panneau routier, par une fin de matinée ensoleillée. Le bus s'est arrêté pas loin. Le groupe s'est déversé dans l'atelier pour une visite/ démonstration. Deux ou trois artisanes au travail dans la première pièce. Dont l'une colore un wagon du tramway 28 à Lisbonne figurant déjà sur la page de pub de ce voyage en vente sur internet. Le motif à plus grande échelle est présent  sur les murs de l'atelier, comme des vaisseaux bleus sur fond blanc rappelant les conquêtes maritimes...

La technique d'une peinture pas loin de l'idéogramme, en quelque sorte. Le décorateur procède sur 5 ou 6 pièces à la fois, trait par trait qu'il reporte sur chaque carreau. "Les dames peintres" dit la guide "disposent d'une hampe de bois où appuyer la main en travaillant. Cela évite les tendinites". On nous montre un carreau commandé par Elton John pour sa cuisine de Nice ... Une échelle des couleurs ... Le bleu venu du Japon, de Chine, le jaune du Brésil..."La dame peintre" du tram 28, peignait un seul carreau à la fois et usait d'un rouge presque brun.

L'atelier produit 30.000 carreaux par an. Une usine d'azulejos en produit 30.000 par jour. Un carreau "d'autrefois" (?) durait 600 ans, un carreau industriel d'aujourd'hui est fait pour 200 ans de vie maximum. Si une de ses faces comporte des "craquelures" (courantes dans les azulejos de jadis), il éclate. Ces carreaux servaient d'isolant extérieur (et intérieur): contre le chaud, contre le froid, contre l'humidité, c'est connu. "Quand il pleut, ils sont lavés".

Dans le jardin d'entrée -pavé - de l'atelier, un palmier au tronc volumineux, des plantes succulentes dont chaque aiguillon capte une goutte de lumière étincelante comme une larme de rosée/ diamant. Dans les" azulejos typiquement portugais" passés en revue lors de la visite, le jaune et le bleu dominaient. Les couleurs du drapeau suédois. Comme pour faire penser au roman de Selma Lagerlöf "L'empereur du Portugal". Le pauvre homme dont la fille est devenue prostituée l'imagine promue impératrice du Portugal. Si elle ne donne plus de nouvelles, c'est que c'est au -dessous de sa dignité. Bien après le déjeuner, dans une villa aux murs extérieurs tapissés de céramiques où les gens sont vêtus, coiffés selon la mode Louis XIV, le Tage est bleu comme une mer (Méditerranée) dont on verrait l'autre face. Dans les anfractuosités ou sinuosités de la carte, elle va sans doute se transformer en Océan, vert profond.  Nous traversons un pont conçu pour résister à un séisme d'ampleur similaire au tremblement de terre de Lisbonne de 1755, inspirateur du poème de Voltaire.

Combien gagne une "dame peintre", une artisane/ artiste d'atelier?

"Personne ne commet d'attentat djidahiste chez nous" me dit une "dame- libraire" dans une rue de petite ville où personne ne passe, bien que la rue soit piétonne et les pierres des maisons dorées par le soleil couchant. Il reste cinq minutes avant la fermeture commerçante. "Nous sommes beaucoup trop pauvres pour tant d'agressivité"... Cette dame a l'air très doux, comme le disait déjà un vieux prof de portugais émigré de longue date, université de Montpellier - des cours d'un ennui mortel, 5 lignes traduites en un an, pas plus de trois étudiantes, j'y ai mis les pieds quatre fois pour ne plus jamais revenir ..."Les Portugais sont très doux, ils se meurent de soumission, d'humilité, de patience, ah! le petit peuple portugais", avait lancé le vieux prof. C'était au temps de Salazar. J'achète précipitamment des disques de fados dont je n'aurai que faire (disponibles sur Youtube et Spotify), plusieurs boîtes de sardines, "Poètes de Lisbonne" en édition bilingue, traduits par Elodie Dupau, illustrations André Carrilho, Lisbon Poets and Co, juin 2016. Soit: Camoes, Cesario Verde, Mario de Sa- Carneiro, Forbella Espanca, Fernando Pessoa "lui-même" et sous hétéronymes. Je prendrais bien du papier, des tee-shirts à poissons, des gommes, des stylos-billes, des crayons mais la dame libraire si douce a déjà fermé le tiroir caisse, elle va clore son magasin comme une paupière sur le soir.

 

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