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2016-12-28T15:22:29+01:00

Puits de Shanghaï

Publié par montanié julie

Même pas deux jours à Shanghaï. Une promenade d'une demi-heure sur le Bund, la nuit ou plutôt le soir très tard. Des gens partout, qui parlent, rient, se rassemblent, viennent longer le fleuve où passent des vaisseaux aux étages cernés, soulignés par des lumières blanches, jaunes, bleues. Des bateaux de tourisme, ou de petite croisière. Une jeune fille (13 ans? 16 ans?) me demande la permission de se prendre en photo avec moi au bout de sa perche/ prise de vues/ camera. D'ici, on voit la Perle d'Orient où nous sommes montés et dont nous avons visité le musée de sous-sol. Elle s'irise de bleu, de violet, ses couleurs circulent. Et tant d'autres, tant d'autres. " Comment trouvez-vous ? "nous demande Pierre, l'accompagnateur français.La dernière tour avait 632 mètres, a dit le guide chinois. Je n'ai jamais vu une ville si belle, dans son incroyable modernité. Peut-être n'est- elle splendide que depuis ces hauteurs, d'ailleurs. D'où on voyait " Tomorrow square" d' environ 258 m ( 934 feet), achevée en janvier 2003. "Jinmao Tower" (also called "Jinmao Building"). "Bank of China Building", 46 étages, au total 230 m de haut. " City God Temple": le plus important des temples taoïstes de Shanghaï. En bas des bouquets d'arbres verts qui pousseraient une ménagère des marchés de Provence - non une New-Yorkaise (nous ne sommes ni l'une ni l'autre) mais il faut bien emprunter des comparaisons à des repères fiables... - à songer pour son panier à des touffes/ bouquets de brocolis. Le "Waldorf Astoria Shanghaï on the Bund", à l'origine " Shanghaï club building" pour les résidents britanniques, " Lupu Bridge", achevé en octobre 2000, 8722 mètres de long. " Transparent Observatory", 259 mètres. Après être montés très haut, nous avons descendu un étage à pied. Sur la moitié du pourtour parcouru plusieurs fois pour voir le panorama, le sol était en effet transparent. Les enfants s'assoient, regardent sous eux, expérimentent leur résistance au vertige. Les gens se mitraillent en photos. Au-dessus des murs en vitres et glaces, beaucoup d'air, presque un vent violent, circule. Dehors, au bas des tours, un immeuble couleurs en métal turquoise, à hublots carrés sur le toit, a l'air d'une soucoupe volante. A la station intermédiaire, on faisait queue, en attente de l'ascenseur. Des schémas de tours dorées étaient affichés, pour comparaison. La plus haute: Canton Tower: 600 m, Ostankino Tower: 540 m, Sky Tower: 328 m. Parmi ces tours les plus hautes du monde, ils n'ont pas décompté celle de Dubaï, qui a 800 mètres et à l'époque, n'existait pas. L'ascenseur monte et descend de 7 mètres à la seconde, dit le guide chinois. Au bas de l'immeuble, le cadeau d'un père à son fils: un palanquin doré. Dix ans de travail. "Le plus tarabiscoté que j'aie jamais vu" dit le guide. S'il y a cent ampoules sur ce palanquin, c'est qu'en chinois, le mot "ampoule" ressemble au mot "fils".

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2016-12-16T11:43:02+01:00

Balayage

Publié par montanié julie

En Chine, on balaie sans cesse. Dans la rue. Je me souviens de ma stupeur face à cette activité, dans la Roumanie du début des années -70, l'hiver, par des matinées glacées, blêmes qui me voyaient cheminer vers la Biblioteca Academiei où je passerais la journée à lire et prendre des notes. Personne dans les rues, sinon à la rigueur, un véhicule de transports en commun. Mais je croisais le regard de femmes emmitouflées de longues jupes et vestes, la tête entourée de foulards, d'écharpes qui avaient l'air de bandages. Elles balayaient le trottoir vide, d'ailleurs propre, d'un geste comme oriental - toutes avaient un air tsigane -qui durerait jusqu'au soir. Le plus choquant, c'était le balayage de journée, aux heures d'affluence, quand les hommes en imperméable marine type K-Way ou nylon léger à la mode ces années-là - comment n'attrapaient-ils pas de pneumonie? la moindre veste paysanne de peau de mouton les aurait protégés davantage, ils étaient en pardessus de nylon mais portaient tous des toques d'astrakhan - , balançaient leurs mégots à proximité du balai. Ou de la pique? Il me semble qu'il y avait aussi des sortes de piques permettant d'épingler les ordures de trottoir, dans ces années-là. Les balayeuses ou balayeurs éliminaient les déchets, sans un regard de reproche. Quand j'ai lu, bien après la chute du communisme, que ce type de régime ne connait pas le chômage, j'ai automatiquement pensé aux balayeuses de trottoir.

En Chine, donc, au mois de juin 2016, durant ce bref séjour touristique, on balayait dans la rue avec de gros plumeaux à longs fils. Dans les rues mais aussi les toilettes d'hotels, où le long plumeau se promenait sur un carrelage mouillé aussitôt sec, en raison de la chaleur. A peine une semelle s'imprimait-elle sur le carrelage encore humide que, déjà, elle se voyait effacée.

Dans un jardin public de Shanghaï peut-être, des gens usaient en public d'un balai mouillé pour dessiner des formes ou des caractères. C'était plutôt un jeu. A peine le caractère, le dessin ou le mot est-il tracé que sa littéralité s'évapore. Comment ne pas penser que l'activité a dû jadis donner lieu à une épatante forme de samizdat?

A Suzhou, devant le salon d'une maison de thé, ancienne demeure "de riche" d'où s'échappait une belle musique accompagnée de paroles soigneusement pesées et poétiques, sans nul doute une forme de ballade, voire de "longue chanson de table" selon la dénomination des Roumains (et des Mongols), le sol était fait de dessins de cailloux.    

 

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2016-12-09T20:55:36+01:00

Lumières low cost

Publié par montanié julie

Encore 7 à 8 heures de vol jusqu'à Honk-Kong. L'hôtesse me demande de baisser le store blanc sur le hublot. "Pourquoi?" questionne mon voisin. Le hublot donne sur la nuit. Une fois le store baissé, on trouve l'atmosphère moins froide.  Chacun dispose d'un coussin, d'une couverture grise.  Il n'est pas possible d'incliner les sièges. Les plus chanceux sont assis face au mur. Ils tendent les jambes, posent les pieds en hauteur en position détente, leur couverture grise jetée sur le buste, prolongée jusqu'aux genoux. Quand un passager asiatique se lève pour s'engager dans le couloir, on est frappé par ses pieds chaussés d'épaisses socquettes blanches, parfois couverts aussi des mules blanches à broderie brillante mises à disposition, devant chaque siège. Partout, dans le compartiment/ salon, la nuit s'est faite. Les passagers ferment  les yeux ou regardent les écrans. Mon premier film est un drame chinois. Mon second, une histoire que je regarderai  deux fois. Une avant de m'endormir, l'autre  bien après le réveil, juste avant de descendre sur Honk-Kong. "A living promise" de Kan Ishibashi, Japon, 2016. Avec Yutaka Takenouchi, Yosuke Eguchi, Tori Matsuzaka. En raison d'un passage montrant une fête des lanternes. Les sous-titres  affichaient: "Aïmono Town." Est-ce un quartier, une cérémonie, une compétition nocturne? On voyait défiler des sortes de buildings mobiles. Des tours à section carrée montées sur roues, comme dans un carnaval. Les lanternes dont elles étaient construites semblaient en papier. Elles étaient jaunes, blanches, tachées de rouge. Les immeubles lumineux bougeaient donc entre les édifices immobiles de la cité en béton, métal, verre. Je regardais trembler leurs molles, souples, mouvantes lumières. Du mercure, une huile, une eau éclairée de l'intérieur. Certains buildings étaient des cylindres agrémentés de lettres pourpres. A un moment, des tours quadrangulaires illuminées se sont alignées en perspective, dans la rue sombre, pour ne plus bouger. Puis une tour montée sur roues s'est mise à osciller dans le noir, poussée par une grande quantité d'hommes en vestes bleues éclairées par des signes calligraphiques blancs. Quand la tour a pris le virage d'une rue, j'ai cru voir s'aligner les idéogrammes des vestes droit sous ceux des lanternes. "Aimono town is the best" disait un sous-titrage. A un moment, la caméra a filmé trois grandes tours lumineuses reflétées dans l'eau noire du fleuve, ou de la baie près de laquelle se déroulait le film. L'histoire d'une collégienne orpheline de 12 ans en uniforme marine, en socquettes blanches. Montrée sur des ponts de bois, des maisons japonaises aux parois fragiles où elle entrait s'agenouiller. Glissant sur des planchers miroirs dont elle se relevait avec une grâce égale. A un moment, elle est prise en charge par l'ami intime de son père mort. Dont elle tombe peut-être amoureuse. Mais sans doute remettent-ils à plus tard, dans 5 ou 10 ans, s'ils se revoient, la mise à l'épreuve de ce sentiment... Cela devrait pouvoir se vérifier en France. Je viens de voir sur le web que la première européenne du film a eu lieu jeudi 24 novembre à 15h, au cinéma Galeries, Bruxelles. Avec un peu de chance, on verra le film à Lyon bientôt.

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2016-12-04T21:56:33+01:00

Pan-Kou

Publié par montanié julie

Pan-Kou fut le premier Chinois, a dit le guide.

Il a grandi de 300 mètres par jour et à force de grandir, il a séparé le Ciel de la Terre. La Terre était carrée. Le ciel était rond.  La Chine se trouve au milieu. Pan -Kou est mort à la fin de sa mission de séparation. Son corps transformé en Montagne Jaune a-t-il été dominé par un sommet qui était son nez? Ce qui est sûr, c'est que Pan-Kou n'avait pas bien exécuté sa tâche. Il y avait des trous... Une femme à corps de serpent les a bouchés. Avec de la boue, elle a modelé des Chinois statues... La deuxième génération a été un peu moins intelligente que la première: ceux de la boue.

Il est question ensuite de celui qui a inventé la légende du Fils du Ciel et du Chef Jaune qui communique avec le Ciel. Il dit: " je suis le Fils du Ciel" et ainsi gouverne la population. Grâce au savoir qu'il dit tenir d'en Haut. Le Temple du Ciel était destiné communiquer avec le Ciel. ll y en avait plusieurs. Quatre, il me semble. Mais à quelle époque?

A Shanghaï, nous dégusterons du thé dans un premier étage de la vieille ville. Une serveuse translucide nous en versera 4 ou 5 sortes dans des récipients de plastique transparent (ou de verre ) à double paroi. Le numéro de chaque thé renvoie à un nom sur une carte qu'elle fait circuler. Et à sa fonction: fait baisser le sucre dans le sang, le fluidifie, fait baisser le cholestérol etc... Les thés sont en vente sur des étagères. Dans des vitrines/ comptoirs qui font le tour de la pièce: des perles en vente aussi. Des rondes et des cabossées, grosses et irrégulières, blanches, grises, noires, roses... Au mur des photos d'altesses royales et autres people du monde entier, venus ici faire provision de perles...  Peut-être même de thé, à boire dans des bulles transparentes à double paroi. Dont la reine d'Angleterre... Près de la porte, un présentoir avec une coquille d'huître ouverte de la taille d'une tortue de cent ans environ, avec sa chair grise et sa perle dedans... On dirait l'huître presque fraîche.

La Perle de l'Orient qui domine la ville est une tour à deux bulles, rose vif et gris foncé métallisé. Je l'ai prise un moment pour une figuration moderne du Ciel de Pan-Kou, au-dessus de sa jumelle la Terre qui, à force de tourner, aurait arrondi ses angles.  

 

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