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2016-08-26T19:29:40+02:00

Films Lapied à Val d'Isère

Publié par montanié julie

Cette année, l'un des "nouveaux films" est "Zorra, le clan des renards" à l'affiche aussi à La Léchère, Valmorel, Tignes. Il a obtenu quatre prix. L'image est aussi efficace que la première de couverture d'un célèbre album de Tomi Ungerer. Trois renards sont silhouettés par une lune blanche illuminant la nuit gris-bleu. La salle comporte des gradins en hauteur, les sièges veloutés sont bleus à leur tour. Anne Lapied, belle, souple sans ostentation comme toujours, descend les marches avec agilité. Elle présente le trio familial de cinéastes (Anne, Erik, Véronique), leur activité à "ceux qui ne nous connaissent pas" avant de parler des animaux qui les occupent pour leurs tournages. Le film dira qu'elle a découvert sa renarde, baptisée Zorra, sur les hauteurs de son village et qu'en somme, elles se sont mutuellement apprivoisées. " Environ 250 jours de tournage pour 6 années" dans le cas d'un film comme celui-là."On enchaîne tout de suite sur 'Zorra'.On terminera la séance par un court métrage vous montrant comment - Erik et moi - on a filmé ces animaux".

Le deuxième film projeté plus tard dans la soirée a pour titre "Au-dessus des montagnes" et se situe dans la lignée de "Alexandre, fils de berger" parce qu'il a des acteurs, rencontrés lors de tournages précédents dans les Alpes. Comme l'explique le résumé du film, disponible en DVD comme toutes les réalisations Lapied, il s'agit du portrait en paroles, actes, images, gestes, paysages d'un berger philosophe plutôt agréable à regarder. Il reçoit des amis autour de sa table de chalet (un moine à longue barbe venu avec son âne), éduque des apprentis fromagers l'été, a même une fille étudiante qu'on voit se balancer en lisant dans un hamac/ transat...

Le film montre des ciels de nuages aussi stupéfiants de nuit que de jour. De vrais cratères lunaires, des Hiroshimas de l'espace, des alignements de grandes virgules qui ont l'éclat de la perle au-dessus des habituels délires bombés popularisés par la peinture XIXème, ou baroque, ou peut-être hollandaise, italienne, française, bref tous ces plafonds bleus à cumulus qui en sont venus à accaparer une fois pour toutes la seule idée de firmament. Qui a l'idée des images de ciel dans le trio cinéaste? En deuxième partie de cette séance: "Les brebis de mon père". "Nous restons au-dessus du monde avec un court-métrage qui raconte l'épique descente d'un troupeau de moutons pris par la neige en Haute-Maurienne, à 2700 mètres."

"Le cinéma de montagne,c'est un cinéma sportif" a dit Anne Lapied au cours d'une présentation. J'adore les échappées imperceptibles, les incises, sur la vie privée de ces cinéastes, suivis chaque été depuis au moins dix ans avec autant d'intérêt que les champions médailles d'or aux J.O. révélés cette année. Que les observations soient dispensées par touches discrètes, oralement, lors d'une présentation de film par un des trois ( j'ai entendu Erik une seule fois, Véronique: trois ou quatre, Anne, deux fois). Ou dans les films même. C'est une forme de chronique à mon seul usage privé, complétée avec la même lenteur que les images animalières de leurs tournages. Où suis-je allée pêcher que Anne est titulaire d'une licence en lettres? Dans ma seule imagination, où il me semble aussi qu'elle est l'auteure des textes de la plupart de leurs films? Elle joue aussi de la guitare. C'est à elle qu'il faut attribuer le choix des quelques secondes de musique classique - j'ai oublié le nom du compositeur mais c'était d'un lyrisme splendide- à la fin d'un film comme "Zorra". "Ils vivent désormais dans une maison qu'il ont achetée sur le versant italien" a dit Véronique une année. L'un des quatre films présentés cette année à Val d'Isère, précisait que les images avaient été prises en Savoie mais aussi dans " le Grand Paradiso". Il y a quelques années, un film montrait d'abondantes chutes de neige sur cette maison, ce village italien, bloqué plusieurs jours qui avaient dû s'étirer au rythme de plusieurs semaines. Je me souviens de photos cadrant la fenêtre haut placée, un cahier couvert de lignes d'une écriture régulière. Ai-je vu un frigo? Un rayonnage où livres et cahiers tenaient debout? Quels nerfs solides il faut avoir pour tenir immobile des heures, caméra à la main ou simplement muni d'un cahier, d'une radio, tel Sylvain Tesson dans ses forêts de Sibérie, dans des refuges confinés où le cinéma de la nature est tout. "Nous faisons ce métier depuis 38 ans. Nous avons réalisé 40 films (ou une quarantaine)" a dit Anne Lapied lors d'une séance. A la sortie de la salle, la quasi-intégralité des quarante films était exposée sur une table. Ils attendaient évidemment de réintégrer la mallette noire posée sur la table aussi.

"Vous n'avez pas pris le temps de manger" ai-je dit au jeune homme délivrant les tickets, avant la deuxième séance. "On a pris quelque chose" a dit Anne Lapied, pas loin. "Vous dormez dans les stations, quand vous présentez des films?". -"Dans le camion!" - "Oh! la la!" , " -"L'été, ça va, mais l'hiver..."

Si seulement j'étais cinéaste moi-même, pour tourner un documentaire, voire un reportage à vendre sur toutes les chaînes TV d'Europe, sur l'oeuvre et la vie de la famille Lapied...

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