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Les cathédrales sont fraîches. Comme le montre "Dans les coulisses de Notre Dame de Paris" , Editions Jungle, septembre 2017, une BD signée Elodie Font pour le scénario, et Joel Alessandra pour le dessin et les couleurs, en vente quelques jours après l'incendie. Les queues de touristes en jeans et parkas, le bleu froid du ciel, des cordons de sécurité qui guident les visiteurs, celui de la veste de "Olivier, notre horloger", le pull de l'Archiprêtre sous son veston ("Monseigneur Chauvet") entre gris et indigo, qui dit aimer profondément Ionesco ("Le roi se meurt" p. 72), un petit passage sur un grand poète - une planche avec l'image d'un enfant sur une jaquette de livre [Paul Claudel, naissance d'une vocation] en p.74-, la mention de Victor Hugo bien sûr, "le vrai sauveur de Notre Dame" et de Prosper Mérimée , "inspecteur général des Monuments Historiques en 1837 qui a demandé aux préfets de dresser la liste des monuments de leur département dont ils estimaient la restauration prioritaire". Les préfets n'ont pas décompté N.D.  Pourquoi l'auraient-ils fait puisque la demande portait sur les édifices de leurs départements, non sur ceux de l'ensemble de la France? Et toutes ces robes, toges, aubes, soutanes dans le dernier chapitre sur les concerts de la maîtrise. "Pour les concerts, les choristes de la maîtrise sont en noir, pour les messes, ils sont en bleu". Même le plan de l'album est aéré. - Episode 1: Nadia et Patrick, Sacristains et ruban rose. -Episode 2: André, Quentin et François: Poésie et conversion. -Episode 3: Olivier: l'horloge, les toits et le vertige. -Episode 4: Monseigneur Chauvet: Des clés, des confessions et des abeilles. Car il y avait trois ruches sur les toits de Notre -Dame. Elles donnaient autour de 200-300 pots de miel, offerts à "tous les gens qui travaillent ici". - Episode 5:  850 ans, Un trésor et un casque de radio. Un chapitre sur les cloches, sur le grand orgue rénové en 2013, sur l'embauche du personnel (on n'a pas besoin d'être baptisé mais "il faut avoir le sens du sacré") un chapitre qui parle donc de radio et de TV catholique.- Episode 6: La couronne. Un orgue et une maîtrise de chant. Un ouvrage très réussi, instructif, à recommander aux enfants des écoles, qui comporte même un glossaire:- Amma, -Art gothique, -Chevet, -Eugène Viollet-le-Duc, -Garou, -Liturgie, -Quasimodo, -Rose nord, -Sacristie, -Vêpres, -2013: " Happy birthday, Notre Dame".

Le livre de Sylvain Tesson "Notre Dame de Paris, ô reine de douleur", Ed. Equateurs, mai 2019, comporte trois passages publiés en 2005, 2015, 2019. "C'est aussi cela, le miracle de Notre Dame: la chrétienté a le cœur large. Et son écrin accepta d'être la châsse d'un trésor littéraire écrit par un génie progressiste."(2019). Le premier texte: "Sur les vaisseaux de pierre"(1990-2000) est poésie pure dans sa révélation de pratiques peu connues. S. Tesson y raconte comment excursionner sur les corniches de cathédrales avec un groupe d'acrobates qui le surnommaient "le prince des chats". Ses amis et lui emportaient un volume de Péguy, ("Oeuvres poétiques" dans la Pléiade) pour en réciter les odes au vertige. Je ne savais pas Péguy "obsédé par la verticalité" comme montré dans le passage sur cet auteur et la Beauce..."Si nous grimpions toujours en silence au milieu de la nuit et vêtus d'habits sombres, ce n'était pas pour défier l'ordre. C'était même précisément par amour de l'ordre. Nous avions compris que les cathédrales étaient des équations" p.30. "Les cathédrales escaladent le ciel. Nous escaladions les cathédrales", p.37. Comment ne pas penser aux vers de Fondane dans le "Mal des Fantômes": "Les émigrants ne cessent d'escalader la nuit"... En vrai grimpeur, S.Tesson fait aussi état d'un vice, une manie, un sport honoré d'un néologisme par l'écrivain-alpiniste Sylvain Jouty: la stégophilie (note de la p.28) . Le stégophile est un funambule qui aime se balader sur les toits. S'il n'y a plus de cathédrales, où iront les stégophiles? Sur l'écorce des greniers sûrement, et des mansardes. Ils déraperont sur les vélux...

Pour continuer sur l'architecture, éviter d'oublier de mentionner "Le Destin" (1997) de Youssef Chahine, vu ces jours ci à Lumière. Le film commence sur les remparts de la Cité de Carcassonne, restaurée, comme Notre Dame, par Viollet -le-Duc. Un traducteur du philosophe Averroès y est brûlé vif. Son fils qui deviendra écrivain, s'enfuit en Andalousie. 

Pour finir, un poème, à adresser en hommage au cloître de la cathédrale de Narbonne - restaurée encore par Viollet-le-Duc, comme le Palais des Archevêques -, au mur de jardin contre lequel un arbre fleurissait dès février. "Dejoust ma finestra/ Es un amelhé/ Que fa de flours blancos/ Coumo de papié/ Devant ma fenêtre/ Est un amandier/ Qui fait des fleurs blanches/ Comme du papier". Il s'agirait  d'une chanson de Gaston Phébus. Elle est citée par l'article de Louis Charles Prat: "Clémence Isaure: 'L'Amie de Dieu' des cathares" (p.31). Une brochure achetée à Narbonne en 2002: "Trobar clar et trobar clus: le langage hermétique des Troubadours cathares", Montségur, Bulletin National d'Etudes Cathares, 1 er trimestre 2001, n°6, 2 ème année, C. Lacour Editeur, Nîmes, 2001.