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En terrasse du plus proche café de luxe du quartier, premier jour d'autorisation d'ouverture des commerces : cinq tables- guéridons avec carafe remplie d'eau, deux verres pleins (d'eau) par table, un couple par carafe et binôme de verres. Des gens empruntés, gênés de se savoir ou de se vouloir donnés en spectacle, en vêtements d'été, lunettes de soleil et ce qui va avec, peut-être des vestes de lin ou autre tissu chic.

Dans "Avec mon meilleur souvenir", à propos de Carson McCullers sur la plage, Françoise Sagan racontait son étonnement de les voir: Carson, Tennessee Williams et un troisième, avaler de grands verres d'eau à jeun. Puis elle découvre que l'eau est en fait du gin.  Sirotant l'anecdote en longeant la terrasse dont les clients surplombaient leurs verres de liquide transparent, je croyais entendre Margaret Allison et Theresa Richmond chanter "Touch me Lord Jesus", une vidéo you tube écoutée en accompagnement de mes tâches d'après-midi. J'alterne avec "Margaret Allison and the Angelic Gospel Singers", sur you tube aussi, 53 mn 10 (From The Alabama Theatre of Performing Arts). Une idée suggérée par un documentaire de 2017, USA, 60 mn, réalisation Jennifer Lebeau, sur la période chrétienne de Bob Dylan ("Trouble no more") -disponible sur Arte Tv du 20/05/2021 au 19/06/2021-. Trois disques genre gospel, trois ans de tournée. Toujours aussi charismatique, toujours le même talent. Les chansons voisinent avec les prédications d'un acteur/ un prêtre?  sur les méfaits de la pub en faveur de l'alcool, des fast-foods, des sucreries industrielles. Ces oeuvres du diable détruisent à la fois la nature et le corps humain, ce temple.

Est-ce bien dans "Frankie Addams" que Carson Mc Cullers évoque sa/ une nourrice, caractéristique de sa ville du sud des Etats-Unis et "du peuple noir si doux et si bon"? Est-ce le jour d'en parler quand le Monde du week -end titre: "Macron reconnaît la 'responsabilité accablante' de la France au Rwanda"? Les Tutsi avaient un problème, ont souligné les presses française et américaine après le génocide. Leur niveau social, intellectuel, civilisationnel était largement supérieur à celui des autres habitants de leur pays, voire de l'Afrique ... Après la projection de "Notre Dame du Nil" de Atiq Rahimi au CNP Terreaux en 2019, je me souviens d'être restée devant l'écran jusqu'à la dernière miette du générique. Surprise de voir le nom de Charlotte Casiraghi parmi les commanditaires du film. Songeant tout le reste de la soirée que cette fille de Caroline de M. est décidément bien intéressante.

"A la poursuite des Slans", tel était le titre d'un bouquin de science-fiction de mon enfance. Des gens à deux coeurs, télépathes, plus sensibles ou doués, qu'on pourchassait pour les exterminer, si cachés qu'ils soient dans les entassements urbains. Leur apparence, leur comportement était semblable à celui de n'importe qui. Mais  je crois qu'on repérait leur différence à leur chevelure où des filaments dorés, des antennes télépathiques, vibraient sur la peau du crâne entre les boucles. Quand il faisait soleil, ce devait être un jeu de les identifier à ces fibrilles, en balayant tout juste la foule du regard.

Atiq Rahimi a deux nationalités: française et afghane. Scholastique Mukasonga, l'autrice du roman dont provient le film, prix Renaudot 2012, s'est déjà expliquée pour avoir repris la nationalité rwandaise, en dépit de l'extermination de 37 membres de sa famille, alors même qu'elle est devenue française par mariage - elle a épousé un coopérant dont elle a deux enfants -. 

Ici, on me dit français quand je gagne, disait Yannick Noah il y a des lustres, et camerounais quand je perds. 

Rideau, pour le mois de mai.