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2018-02-08T13:01:05+01:00

Hervé di Rosa en livre bilingue

Publié par montanié julie

Hervé di Rosa entré il y a presque deux ans dans la collection "Paroles d'artiste", édition bilingue français anglais, traduction: John Doherty, conception graphique: Sébastien Lecoultre, Villeurbanne, Fage éditions Lyon 2016. En 4 ème de couverture, une citation du peintre et auteur: " je peins pour créer les rêves que je ne fais pas."

A l'intérieur, des paragraphes et des formules/ aphorismes. Les plus brèves donnent à cerner la notion "d'art modeste" dont il serait seul créateur,  alors qu'il a inventé "la Figuration Libre" avec Robert Combas. Concept ? Courant? L'art modeste a voulu intégrer la musique et la bande dessinée. "Quand je suis arrivé aux Arts Décoratifs de Paris, j'ai découvert sa grande bibliothèque, puis j'ai commencé à lire les Ecrits de Dubuffet qui ont beaucoup changé ma vision de l'art."  Hervé di Rosa dit avoir exploré la conception de l'art brut de Dubuffet,"ce grand bourgeois" avant de penser ou créer sa propre boutique en somme. Mais les "arts modestes" dont je n'ai jamais pu visiter le musée à Sète ("Miam" toujours fermé à mes/nos heures de passage) semblent surtout une réorganisation thématique de catégories pas uniquement d'objets: "... je pus enfin réunir toutes les créations inclassables que j'observais et collectionnais depuis des années sous le terme d'art modeste". Hervé di Rosa est présent en début d'ouvrage sur une photo où il surplombe des statuettes colorées. L'une est un Indien américain à couronne de plumes. Aussi fait-il penser à Philippe Labro. Ou même à Johnny, qui avait des goûts analogues. Il y a des années, une interview montrait Labro assis chez lui sous un tableau de peintre américain avec un tel sujet. L'auteur du tableau était un classique. Les autres figurines sont des Batman, des femmes dévêtues sous leur cape, mi- lutteuses de foire, mi- stripteaseuses, une plastique pas éloignée des nus académiques, une Japonaise/ madone, son enfant dans les bras etc.. . Les bleus, les oranges, les verts, les dialogues des rouges font penser à une déco d'appart dans un film d'Almodovar. "Mon père, il est docker à Sète. Ces sacs, il les a portés toute sa vie pour presque rien, moi, pour me venger, je peins dessus et je les vends cher." L'une de mes images préférées est un noir et blanc. On dirait un Van Gogh des débuts. "La vie des pauvres", 1993 (acrylique sur papier kraft marouflé sur toile, extrait). La matière pauvre à son tour fait songer  que Sète n'est pas loin de l'Italie et que l'Italie a inventé l'art pauvre. De même, "Le repas à l'atelier" 1997. Dans Van Gogh, les dîneurs rituels sont mangeurs de pommes de terre. Chez Hervé di Rosa, les couverts sont des baguettes asiatiques, les éléments de vaisselle des bols, des plats garnis de pinces de homard, de segments de viande, de poissons, de fruits exotiques. Si ces travailleurs de la peinture aux visages métalliques achèvent leur besogne tard, peut-être s'attablent-ils devant un repas offert par un commanditaire qui souhaite les régaler avant d'embarquer à l'aube leurs toiles pour son continent? Peut-être se sont -ils fait livrer par le seul resto du coin qui accepte de venir de nuit ? Sur sa photo, Hervé di Rosa a quelque chose de Brassens dans les yeux et la moustache.  On songe qu'une chanson de Brassens a pour refrain: "c'est un modeste".

La formule la plus percutante: "Le kitsch, c'est l'ironie des riches sur l'esthétique des pauvres". C'est aussi la plus poignante. Elle clouerait le bec à n'importe qui. Aller jusqu'à penser que Hervé di Rosa et Robert Combas sont l'équivalent des Symbolistes...

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