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2019-09-16T15:22:26+02:00

Deux nuages et un nénuphar

Publié par montanié julie

Hier dans le métro, petit garçon coiffé afro, aux yeux noirs paisibles, tenant religieusement sur ses genoux, par la poignée, une boite d'exploration insectes octogonale, transparente. La boîte, en plastique avait des parois ternies, elle n'était pas neuve. J'ai cru reconnaître la marque Buki. Les yeux soigneusement fixés ailleurs, je me demande -on est dimanche- si des insectes recueillis dans un parc, seront conservés à la maison, dans la chambre de l'enfant, sur le balcon etc. Le petit garçon a bien noté mon intérêt, qui ne le dérange pas. Décide-t-il de me renseigner avec délicatesse sur l'identité de la jeune femme qui l'accompagne, qui n'a rien d'afro, pour me permettre de continuer mes éventuelles questions: "Maman?"... Je détourne tout à fait la tête. 

Tout cela me renvoie à une fille bien plus jeune, incapable de marcher même, qui lors de son premier voyage en train, regardait fixement toutes les personnes du compartiment, surtout une jeune femme à la bouche peinte en rouge. Sa mère l'avait réprimandée à haute voix, sans résultat. La même, à l'âge du garçon aux insectes, s'était vu offrir un beau cadeau: une boîte de bois créée par l'ébéniste qui avait imaginé les meubles de la chambre de sa poupée. La boîte rectangulaire avait un couvercle troué en isorel, qu'on pouvait soulever et qui s'attachait hermétiquement par une lanière d'épais fils tressés, grâce à un bouton pression. La boîte hébergeait deux souris noires et blanches gracieuses à se damner que chaque jour, avant la classe et au retour, la fille venait regarder, caresser d'un doigt, abreuver très peu, dans une coupelle, nourrir d'un ou deux grains de blé supplémentaires, aérer surtout, avant de rabattre le couvercle. La boîte était remisée près d'une grande fenêtre, au grenier, une pièce où personne ne pénétrait sinon la personne chargée de la buanderie à laquelle la fille avait recommandé de soulever le couvercle - pour aération - quelques minutes supplémentaires si d'aventure elle montait là. Un jour à midi, couvercle renversé, violenté et les deux souris éventrées à l'intérieur comme par un rasoir… Le chat des voisins… Comment avait -il pénétré dans le grenier? Où avait-il pris l'idée de s'acharner sur les gonds de la boîte?

Les oiseaux - celui qui avait été abrité dans un nid près d'un bac à géraniums, pendant trois semaines au moins, avant de disparaître, parce que la fille l'avait trouvé dans la rue, une patte brisée -, les souris, les poissons grimpent-ils au ciel pour les rêveurs et non seulement en photos ou à l'intérieur des tableaux? 

Juste avant Stresa, il y a quelques jours, un énorme poisson blanc, nacré, irisé, bleuté entre cumulus et nimbus, un oeil turquoise très net, gueule grande ouverte prête à gober les vapeurs montées des immenses arbres verts ou à cracher de la neige. En effet, le lendemain, on nous raconte qu'il a neigé sur les Alpes, ce qui leur compose la crête étincelante visible depuis les fenêtres du château Visconti, le plus beau de Lombardie. Trois jours plus tard, avant que l'autocar ne pénètre dans le tunnel de Fréjus, un incendie stupéfiant que je fixe deux minutes, me demandant s'il s'agit d'un nuage de pesticides ou autre saleté, permafrostienne, nucléaire, bref à nouveau un symptôme de catastrophe écologique. Mais non, selon internet consulté aujourd'hui, c'est entièrement normal. C'est même un petit miracle. Un simple arc-en-ciel très haut dans les trous de nuages, qui évolue du bleu-vert au rouge violet et l'inverse... cela porte même un nom: un nuage iridescent. 

Enfin, dernière découverte, dans un dépliant trouvé à l'accueil de l'hôtel de Stresa. Je résume le passage pour description:"Victoria cruziana".  Ce nénuphar ressemble "à un grand radeau pouvant même abriter un enfant". "Une des plus ingénieuses plantes de la terre [qui] a trouvé son habitat naturel dans la Serre des Jardins de Villa Taranto. Une sorte de berceau naturel utilisé dans les pays d'origine, les grands bassins fluviaux d'Amérique du sud, pour abriter les nouveaux-nés pendant que leurs mères s'occupent du lavage. En effet, dans la lame inférieure, de puissants aiguillons d'environ 2 cm ne permettent même pas aux poissons de s'approcher."

Une serre du Parc de la Tête d'Or abritait il y a deux ans une telle "Victoria…"  mais peut-être était-ce une "Victoria amazonica" qui ne remplit pas les mêmes fonctions, ou un hybride de "cruzina" et d'amazonica" (Victoria Langwood Hybrid) né dans les jardins botaniques. 

 

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