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2019-12-27T13:49:29+01:00

De l'existence conçue comme salle de spectacles

Publié par montanié julie

Il y a beaucoup à découvrir dans le livre de Bertrand Tavernier/Conversation avec Thierry Frémaux: "L'amour du cinéma m'a permis de trouver une place dans l'existence", Institut Lumière Actes Sud -. Il s'agit en fait d'une édition indépendante, enrichie, 32 pages au lieu de 8 - de l'interview ouvrant le nouveau tirage de "Amis américains" publié en octobre 2019, première parution 1993, version revue et augmentée de 2008.

Des choses sur les scénaristes, dont certains se révèlent être de grands écrivains, ainsi Steve Tesich, immigré yougoslave "dont l'univers qui touchait aux notions de famille, de vie communautaire, d'amitiés, d'ambition etc. venait enrichir le cinéma de son époque d'une touche absolument singulière"(p.83)

Des choses sur le goût de B.T pour les salles. "Jeune, j'adorais m'aventurer dans des salles inconnues"(p.28). "Jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'ils ferment, j'ai éclusé ces cinémas de quartier[…] Le plus bel écran Scope de Lyon, je l'avais découvert pendant que je révisais le bac (p.29).

Des choses sur ce que le cinéma vous apprend de L'Amérique: tout. La guerre de Sécession, le mac carthysme, les actuelles guerres des "groupes de pensée", tantôt conservateurs, tantôt issus du "camp progressiste, pour imposer leur vision dans le champ du politiquement correct". Ainsi récemment le "scandale Lilian Gish", la plus grande star du cinéma muet, dont les archives étaient déposées dans l'université de l'Etat où elle était née, avant que n'arrive une histoire incroyable, sur le point de détruire le travail bâti autour de son oeuvre (p.87 et suivantes).

Et puis B.T n'aime ni attaquer, ni démolir ce qui lui déplaît. Il préfère - dit-il-  utiliser son énergie à défendre ce qu'il aime... Et des choses sur le muet, dont la période "était rarement le premier choix" de sa jeunesse, alors que ces films le passionnent aujourd'hui (les Chaplin, les Keaton, les burlesques américains et des raretés de l'époque, Tod Browning, Clarence Brown, Paul Fejos et "Nosferatu" de 1922).

Comme dans tous les écrits - ou activités- de Bertrand Tavernier, on est frappé par l'intelligence, l'érudition... Il souhaite revoir un film de Louis Daquin: "Les Chardons du Baragan", "une curiosité tournée en Roumanie en 1957". "Louis Daquin, un communiste assumé, [y] adapte un livre de Panaït Istrati que le Parti vomissait pour avoir, comme George Orwell, dénoncé très tôt les dérives, les massacres et procès du stalinisme. Nous voulions voir comment un doctrinaire orthodoxe comme Daquin se tirait d'un tel projet. Et le film nous avait plu"(p.36).  Pour ma part, je me demande depuis une ou plusieurs rétrospectives de l'Institut Lumière, si Elia Kazan -mentionné aussi dans le livre - avait ou non lu Panaït Istrati et précisément "Méditerranée"? Où Mikhaïl tuberculeux condamné à ne plus guérir, annonce qu'il se jettera de son bateau en partance pour la Russie. De même, un émigrant d'un film de Kazan, appareillant pour l'Amérique, est porté disparu à peu près à l'instant où l'image montre la statue de la Liberté.  

Le livre nomme aussi deux fois au moins Jean Negulesco. "A la Cinémathèque, j'ai pu entendre Clarence Brown évoquer Maurice Tourneur, ou Jean Negulesco déclarer qu'il s'était fait piquer sa première petite amie par Modigliani. Vérifiez, il n'y a eu aucun entretien avec Brown ou Negulesco, alors que Fritz Lang était systématiquement interviewé"(p.13).

Justement, on se demandait aussi où trouver une biographie-si courte soit-elle - de Jean Negulesco (distincte de son autobiographie), évoquant son rôle à Hollywood, son départ de Roumanie etc.. On peut désormais découvrir une foultitude de notices sur lui, en ligne. Mais on doute qu'elles fassent le tour du personnage, de son entourage, de son parcours, de ses ambitions et du rôle qu'il a pu jouer. 

 

 

 

 

 

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